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ÉVOLUTION HISTORIQUE

au peintre, qu’il était essentiellement de son devoir d’exprimer, à peine de flatterie et de mensonge, c’est-à-dire de nullité. J’aime la campagne et les travaux rustiques ; le spectacle de la nature et des mœurs agricoles m’émeut, et je ne suis hostile à aucune nationalité. Mais je ne veux pas qu’on m’en impose, et j’aime à connaître ceux que l’on me présente. Léopold Robert n’a pensé à rien de tout cela. Il nous a donné une jolie bucolique, toujours de la fantaisie, mais rien qui nous instruise, nous qui avons tant besoin d’instruction ; rien qui nous révèle à fond le tempérament dé nos amis les Italiens. Croit-on que si nous les eussions mieux connus avant 1859, nous nous fussions acharnés à les débarrasser des Autrichiens ? En valaient-ils la peine ? Ne couraient-ils par le risque de s’en trouver beaucoup plus mal ? L’Italien est beau, plus beau que le Français, grand, fort, intelligent, artiste ; l’étranger lui est odieux, la centralisation insupportable. Comment donc se fait-il que les Italiens ne sachent ni maintenir l’ordre et la liberté chez eux, ni former leur fédération, ni s’assurer un rang honorable en Europe ; qu’il leur faille toujours tantôt un empereur germanique qui les délivre du pape ou du roi de France, tantôt un roi ou un empereur des Français, allié du pape, qui les délivre du Germain ? Un tel phénomène demande explication. Le philosophe, historien, psychologue ou moraliste, saura, avec plus ou moins de succès, péné-