Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
223
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

porté : c’est tout ce que veut l’artiste. Le reste est hors de sa compétence, hors de sa responsabilité. Je ne perdrai pas mon temps à réfuter cette théorie, fondée sur une équivoque, et que chacun aujourd’hui peut juger par ses fruits ; car c’est elle qui, depuis soixante ans, pour ne pas remonter plus haut, a fait déchoir constamment l’art et qui l’a perdu.

L’âme humaine est constituée en une sorte de polarité, CONSCIENCE et Science, en autres termes JUSTICE et Vérité. Sur cet axe fondamental, comme sur leur dominante, gravitent les autres facultés : la mémoire, l’imagination, le jugement, la parole, l’amour, la politique ; l’industrie, le commerce, l’art. Ce qui a dérouté les artistes, ou, pour mieux dire, ceux qui leur ont fourni cette fausse esthétique, c’est qu’ils ont méconnu cette constitution. ’Ils ont vu dans l’âme humaine une triade où le sentiment, l’esthésie, figurait, selon eux, comme troisième terme, égal aux deux autres ; tandis qu’il n’y a véritablement qu’une dyade, ou, comme je le disais tout à l’heure, une polarité, dans laquelle l’art ne peut plus évidemment être considéré que comme fonction auxiliaire. La preuve de cette subordination de l’art vis-à-vis de la conscience et de la science, c’est que, comme nous l’avons démontré précédemment (eliap. xi) ; dans tout ce qui est de science et de droit purs, l’idée et l’idéal sont identiques et adéquats ; qu’à cet égard le rôle de l’art de-