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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

drait pour son fils, si ce n’était plutôt son neveu ; bellâtre montagnard, giton de sacristie, miroir à dévotes, cherchant avant tout, dans la carrière ecclésiastique, les joies positives du bien-être, de la vie abritée et d’une confortable dévotion. Peut-être cet intéressant lévite, à la mine prospère, mais décente, n’a-t-il pas encore conscience de tous les vices que le peintre véridique a fait jouer sur son visage. Ne vous y fiez pas cependant : ses joues potelées, ses yeux roulants, ses formes arrondies n’en disent que trop, et la police correctionnelle nous fait de temps en temps d’effrayantes révélations. A droite est un curé d’âge mûr, mais vif et vert, à lunettes bleues, au teint bilieux, figure de fouine ou de diplomate, Talleyrand rustique, qui retient par le bras le Silène chancelant. Prudent et expérimenté, il comprend les inconvénients du scandale, et voudrait sauver au moins les apparences. Aussi voit-on qu’il ne pardonne pas à son vieux confrère son état d’ivresse. — Buvez tant que vous voudrez, semble-t-il lui dire ; mais restez chez vous et allez vous coucher ! — A la bride de l’âne est un abbé de bon ton, l’hôte du château et des bonnes maisons du pays, adoré des dames, faisant de la musique avec les demoiselles, au bréviaire doré, aux souliers bouclés, au bas bien tiré, confesseur de comtesses, ecclésiastique du monde à - destination spéciale, aspirant évêque. La médisance ne l’atteint pas encore ; il baisse la tête, comme s’il vou-