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ÉVOLUTION HISTORIQUE

franchir des institutions : en quoi il se montre aussi peu avancé que le dernier des artistes. Ceci prouve tout simplement que chez lui, comme chez le commun de ses confrères, l’idéalisme prévaut sur les hautes facultés sociales, et que sa vertu est faible.

Il se fait encore l’apologiste de l’orgueil ; en cela, il se montre tout à fait artiste, mais artiste de second ordre ; car, s’il avait la sensibilité supérieure, il sentirait esthétiquement que la modestie a son prix ; que si elle est quelquefois une hypocrisie, elle ne l’est pas toujours. La modestie est une des choses les plus délicates qu’il soit donné à l’homme de goûter ; celui en qui le sophisme a étouffé ce sentiment n’est plus un homme : c’est une brute.

Je me suis permis cette petite digression, étrangère à l’art, parce que j’ai remarqué chez Courbet une certaine rouerie, commune à beaucoup d’autres : il s’efforce de tout amener à ses idées ou d’étendre ses idées sur des choses qu’il comprend mal et qui ne sont pas niables ; en revanche, il érige volontiers en maxime la négation des choses qui sont au-dessus de lui.

Revenons à notre sujet, l’art, les principes.

On peut définir Courbet : Une grande intelligence dont toutes les facultés sont concentrées en une seule. S’il avait pu se catégoriser, il serait plus logicien qu’artiste. Rien d’étonnant qu’à l’heure qu’il est, il se cherche encore lui-même et ne se connaisse qu’à