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ÉVOLUTION HISTORIQUE

res, à exprimer le type ; il était plus concret, plus réaliste, et, sous ce rapport, plus vrai ; — l’homme des îles (la Grèce) cherchait mieux que le type : il voulait la beauté pure, parfaite, absolue ; il était donc plus idéaliste, moins concret, et, sous ce rapport, moins vrai. L’artiste chrétien se soucie médiocrement de la beauté, entant qu’elle n’appartient qu’à la forme extérieure, au corps ; ce qu’il veut, c’est la beauté de l’âme, telle du moins que. la comprenait le chrétien. Cet idéalisme est plus raffiné que le précédent : il y a progrès dans les trois périodes. Nous voici montés au dixième ciel : c’est ce qu’indiquent assez clairement ces immenses cathédrales avec leurs flèches aiguës, leurs colonnes effilées et leurs voûtes mystérieuses. Tout a été dit à cet égard, et je m’abstiens de plus longs développements.

La foi, l’esprit de componction et de charité, le détachement des vanités (beautés) terrestres méditation de l’éternité, la pratique des vertus théologales et ascétiques, plus faites pour édifier que pour charmer, voilà ce que l’art du moyen âge s’efforce d’exprimer dans ses figures, peu curieux du reste de l’idéalité de la forme. On abandonne le nu,à l’exception toutefois de l’image du Crucifié, dans lequel la foi découvre d’ailleurs, non plus l’homme, mais l’agneau pascal, une hostie. Dès qu’on abandonne l’idéal de la figure pour ne suivre que celui de l’esprit, il est natu-