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DE LA PORNOCRATIE

vous l’imaginez, association de biens et de gains comme entre négociants ou propriétaires : il y a don mutuel et gratuit, dévouement absolu. Le contrat de mariage est donc d’une tout autre nature que le contrat de vente, d’échange ou de loyer : c’en est le renversement.

L’homme, expression de la force, est attiré par la beauté. Il veut se l’approprier, s’unir à elle d’une union indissoluble. Comment l’obtiendra-t-il ? Quel prix en offrira-t-il ? Aucun. Rien de ce que possède l’homme, de ce qu’il peut créer ou acquérir, ne saurait payer la beauté. Les caresses mêmes de l’amour ne sont pas un prix digne d’elle : des amants qui se prennent pour cause de volupté sont des égoïstes, leur union n’est point un mariage, la conscience universelle l’a appelée fornication, paillardise, libertinage. L’homme digne, dont le cœur aspire à la possession de la beauté, comprend de suite une chose, c’est qu’il ne peut l’obtenir que par le dévouement. Lui qui a la force, il se met aux pieds de la femme, il lui consacre son service et se fait son serviteur. Lui qui la sait faible, enivrée d’amour, il devient respectueux, il écarte toute parole, toute pensée de volupté. Sa fortune, son ambition, il les sacrifiera pour lui