Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/127

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Ma confiance fait votre droit ; ma liberté sera dans ma soumission. »

C’est là ce que je nomme subjectivisme dans le pouvoir, par opposition à la loi objective, que révèle la génération des faits et la nécessité des choses. Le subjectivisme est commun à tous les partis, aux démocrates aussi bien qu’aux dynastiques ; son action est plus intense dans notre pays que chez aucun autre peuple. C’est de lui que nous viennent cette manie des gouvernements forts, et ces réclames en faveur d’une autorité qui, plus elle se cherche dans une pareille voie, moins elle parvient à s’atteindre.

Le premier fruit de la politique subjective, en effet, est de soulever autant de résistances qu’il y a d’idées et d’intérêts, conséquemment d’isoler le pouvoir, de lui faire un besoin constant des restrictions, défenses, censures, interdictions ; finalement, de le précipiter, à travers les mécontentements et les haines, dans les voies du despotisme, qui sont le bon plaisir, la violence et la contradiction.

A ce propos, je ne puis m’empêcher de faire, entre la subjectivité du 2 décembre et celle du Gouvernement provisoire, un rapprochement qui porte déjà sa leçon.

Tandis que le Gouvernement provisoire, par religion démocratique, s’abstenait, s’efforçait de rallier les partis et les intérêts, ne réussissait qu’à les soulever tous, et s’usait dans l’insignifiance ; on va voir l’Elysée, aspirant à les dominer, les frapper l’un après l’autre, tailler de droite et de gauche à décrets, déployer une énergie irritante,