Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/129

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écoulés que les journaux du pouvoir, coopérateurs du coup d’état, parlaient d’un autre style. C’était pour sauver la religion, pour rétablir le principe d’autorité, pour défendre la propriété et la famille, que Louis-Napoléon avait mis fin à une situation trop tendue ; c’était, enfin, pour museler la révolution. L’Univers religieux osait écrire, et n’était pas contredit, que ces rappels à la révolution et aux principes de 89 étaient phrases de circonstance, dont personne ne pouvait être dupe ; qu’en fait le coup d’état était dirigé contre les principes, l’esprit et les tendances de la révolution. Et les décrets concernant le jury, la garde nationale, la suppression de la devise Liberté-Égalité-Fraternité, la substitution du nom de Louis-Napoléon à celui de la république dans les prières publiques, venaient à l’appui de l’interprétation insolente de l’Univers.

La constitution du 15 janvier reproduisit la pensée du 2 décembre. — « Elle reconnaît, dit l'article premier, confirme et garantit les grands principes proclamés en 1789, et qui sont la base du droit public des Français. » — Comment les appliquait-elle ces principes ? c’est ce que nous examinerons plus bas. Mais, le surlendemain de la promulgation, l’Univers, revenant à la charge, écrivait encore :

« Nous ne sommes point alarmés de la déclaration faite en l’honneur des principes de 89, quoique cette formule par elle-même ait toujours quelque chose d’inquiétant ; il y a plusieurs principes de 89 : ceux des cahiers, de la déclaration du roi, ceux de l’Assemblée constituante. Ce que les cahier voulaient, ce que