Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/133

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hostiles, un auxiliaire qui les pénètre et traverse tous. Il flattait d’ailleurs la ferveur, si subitement réveillée après février. N’est pas qui veut inventeur d’une religion. — Il faut, clamait la réaction, une religion au peuple ! — Louis-Napoléon trouve sous sa main le catholicisme ; il s’empare du catholicisme. Si ce n’est pas d’un génie transcendant, c’est au moins d’une pratique facile ; et pour ma part, je loue sans réserve Louis-Napoléon de n’avoir point dogmatisé en matière de foi.

Mais, en s’engageant vis-à-vis du clergé, Louis-Napoléon a fait acte de politique purement individuelle, et si habile que soit cette politique, elle n’en compromet pas moins le principe véritable, qui est la révolution. Le parti prêtre, depuis Charles X, n’existait plus. Les décrets du Président l’ont ressuscité. Louis-Napoléon lui-même l’a compris ; et comme son intention n’est point apparemment, en se faisant du clergé un instrument de pouvoir, de lui accorder plus que n’avait fait l’Empereur, il a imposé par avance une borne aux empiétements de l’Eglise, dans ce règlement d’études qui débarrasse l’enseignement des sciences des conditions littéraires, et réserve a l’état, sur les écoles ecclésiastiques, un droit de haute inspection. Part à la religion et part a la science ; part à la foi et part à la libre pensée ; part à l'Église et part a l'état : tel est le principe d’équilibre, gloire de l’ancienne doctrine qu’a suivi Louis-Napoléon, après avoir, moitié par reconnaissance, moitié par besoin, relevé le parti prêtre.

C’est déjà chose grave que dans une république les convenances du chef puissent ainsi être substi-