Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/142

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Ici, comme en plusieurs autres circonstances, j’aime à reconnaître que le 2 décembre n’a point failli par l’intention. C’est même dans les actes relatifs à la résolution des classes que Louis-Napoléon a le mieux montré à quel point il comprenait son mandat. Mais ici encore des considérations purement subjectives ont détourné le 2 décembre du véritable but, et neutralisé son bon désir. Là où le Président de la république aurait dû chaque jour recruter des adhésions par milliers, ses fondations ont passé presque inaperçues de la classe moyenne et du peuple, soulevé, du coté de la bourgeoisie, des méfiances et des mécontentements. D’autres vanteront cette politique de prétendue pondération et d’insensible progrès, qui désaffectionne les classes influentes et laisse indifférentes les masses : je m’en plains au nom de la sûreté publique et de la Révolution.

Rien n’est plus aisé, quand on le voudra, que d’accomplir, sans la moindre secousse, la révolution sociale, dont l’attente paralyse la France et l’Europe.

On comprend d’abord que pour ce qui regarde la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, la Révolution consistant en garantie de travail, augmentation de bien-être, développement de connaissance et de moralité, aucune opposition aux mesures révolutionnaires ne peut surgir de ce côté-là. Le prolétariat ayant tout à recevoir, ne fera jamais obstacle à une révolution qui a pour but de lui tout donner.

Quant à la classe moyenne, il faut la considérer tout à la fois comme partie agissante, partie don-