Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/266

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tion est mûre, L’opinion est en retard. De ce désaccord entre les choses et les idées jaillissent tous les incidents qui ont suivi...

D’abord, la prédication socialiste.

La révolution, s’imposant comme nécessité, et l'opinion s’en défiant parce qu’elle ne la connaissait pas, le premier travail devait être de révéler au pays la révolution sociale. Tandis donc que le gouvernement provisoire, la Commission exécutive, 1e général Cavaignac, s’occupent de maintenir l'ordre, le socialisme, avec l’énergie que commandait la circonstance, organise sa propagande. On lui a reproché d'avoir fait peur, on l’accuse encore aujourd’hui d’avoir, par ses extravagances, compromis, perdu la république ! Oui, le socialisme a fait peur, et il s’en vante ! On meurt de peur comme de toute autre maladie, et la vieille société n’en reviendra pas. Le socialisme a fait peur ! Fallait-il donc, parce que les autres ne faisaient rien, ne pouvaient faire rien, que nous nous tussions nous-mêmes ? Fallait-il, en mettant des sourdines à nos tambours, laisser tomber l’idée avec l’action ?... Le Socialisme a fait peur ! Puissants génies, à qui le socialisme a fait peur, et qui n’avez pas tremblé devant le suffrage universel !...

Or, comme le socialisme, effrayant à première vue (toute idée qui se manifeste pour la première fois effraye), ne pouvait passer sans soulever une contradiction violente ; comme cependant il était dans la donnée de l’histoire et des institutions, il devait arriver, d’un côté, que le socialisme grandirait sous une réaction générale ; en second lieu, qu’il mettrait a nu l’inconséquence de tous ses ad-