Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dit ; les jésuites vous le disent, et pour la centième fois je vous le répète. Ne cherchez plus de faux-fuyants, plus de milieux. Depuis soixante ans ils ont été tous épuisés, et l’expérience vous a fait voir que ces milieux ne sont, comme le purgatoire de Dante, qu’une sphère de transition, où les âmes, dans l’agonie de la conscience et de la pensée, sont préparées pour une existence supérieure.

Anarchie, vous dis-je, ou césarisme : vous ne sortirez plus de là. Vous n’avez pas voulu de la république, honnête, modérée, conservatrice, progressive, parlementaire, et libre ; vous voilà pris entre l'Empereur et la Sociale ! Avisez, maintenant, ce qui vous plaît le plus : car, en vérité, Louis-Napoléon, s’il tombe, ne tombera, comme son oncle, que par la révolution, et pour la révolution ; et le prolétaire, quoi qu’il arrive, se lassera moins que vous. N’est-ce pas pour lui que se fera la révolution ; et, en attendant la révolution, n’est-il pas l’ami de César ?...

Mais le césarisme ! Le joyeux conseiller de l’Elysée y a-t-il réfléchi ? Le césarisme devint possible chez les Romains, quand à la victoire de la plèbe sur le patriciat s’ajouta la conquête du monde, comme garantie de subsistance. Alors César put récompenser ses vétérans des terres prises à l’étranger, ses prétoriens avec les tributs de l’étranger, nourrir sa plèbe des produits de l’étranger. La Sicile, l’Egypte, fournissaient des grains : la Grèce, ses artistes ; l’Asie, son or, ses parfums et ses courtisanes ; l’Afrique, ses monstres ; les Barbares, leurs gladiateurs. Le pillage des nations organisé pour la consommation de la plèbe romaine, plèbe fainéante, 10