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24 janvier 1789, date de la convocation des États-généraux, jusqu’au 31 mai 1793, date de l’expulsion des Girondins. Pendant cette courte évolution, on voit le pays se subordonner le pouvoir, le diviser, le réduire ; les libertés locales et individuelles se former ; et si la situation est loin encore d’être heureuse, l’esprit et la volonté surgissent de partout dans le corps social. Après le 31 mai, le rapport est interverti : le pouvoir, comme sous les rois, se subordonne le pays ; la nation n’est plus qu’une partie intégrante de l’état ; le contenant est compris dans le contenu. On reconnaît, dans la centralisation préconisée par les Jacobins, l’influence de l’instinct populaire, plus facilement saisi de la notion simple du pouvoir que de l’idée compliquée du contrat social. La faculté politique s’absorbant de plus en plus dans les agents supérieurs de l’autorité, les citoyens perdent une à une toutes leurs libertés, et ne conservent pas même la sécurité de leurs correspondances. La société a disparu : c’est un domaine, avec ses régisseurs, ses employés, et ses fermiers.

Certes, on ne peut nier que les divers gouvernements qui se sont succédé en France après la mort de Louis XVI, n’en aient parfois tiré de grandes choses ; que, soit par leur initiative, soit par leur réaction, ils n’en aient fait jaillir de vives étincelles. Mais tout cela, encore une fois, est histoire d’état ; ce n’est pas l’histoire du peuple. Or, si le mot de démocratie signifie quelque chose, si c’est par elle et pour elle qu’avait eu lieu la révolution de février, c’était le cas, en 1848, de mettre fin à une anomalie monstrueuse, et, si l’on