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Alors encore, puisque l’on devait conserver le système, c’était une hypocrisie de parler révolution, et l’on s’était rendu coupable d’attentat en renversant la dynastie. En proclamant le peuple souverain, on le trahissait doublement ; d’abord, parce qu’il ne devait jouir que d’une souveraineté fictive ; ensuite, parce que dans l’hypothèse il était indigne de l’exercer. Rien que l’attribution du droit de vote à ce peuple réputé ignare, capable des plus scandaleuses aberrations et des plus irréparables lâchetés, ce vote ne dût-il être donné que tous les cinq ans, était un crime contre le progrès et contre le genre humain.

Je n’ai pas besoin de dire quelle était sur ce point, comme sur l’autre, l’opinion du Gouvernement provisoire. Nul ne professait pour le peuple une plus haute estime ; et si la chose eût dépendu de ses sentiments, sans doute il eût à l’instant coupé les lisières. Mais, pour la seconde fois, ils n’osèrent pas ! retenus qu’ils étaient par le préjugé général, et par cette crainte de l’inconnu qui trouble les plus grands génies. Bien loin de conseiller la démolition de l’autorité, quelques-uns conseillaient de s’emparer de la dictature : pourquoi faire, si l’on ne voulait ni de la suppression du culte, ni de la diminution de l’État, et, quant aux améliorations industrielles, qu’on n’était pas d’accord ?… L’impossibilité de reconnaître le dictateur, et par-dessus tout le respect du principe démocratique, des considérations toutes de principes, apposèrent le veto sur les velléités d’exécution. La question politique fut dévolue, comme la question ecclésiastique, à l’Assemblée nationale ; on put