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saire que de dégradation en dégradation cette forme périsse tout entière, sans que le vide qu’elle laisse après elle puisse être jamais comblé. En fait de gouvernement, après la royauté, il n’y a rien.

Assurément, le passage ne peut s’effectuer en un jour ; l’esprit humain ne s’élance pas d’un seul bond du Quelque chose au Rien ; et la raison publique est encore si faible ! Mais ce qui importe est de savoir où nous allons, et quel principe nous mène. Que les Feuillants, les Constitutionnels, les Jacobins, les Girondins, que la Plaine et la Montagne se réconcilient donc ; que le National et la Réforme se donnent la main, ils sont tous également anarchistes : la souveraineté du peuple ne signifie que cela. Dans une démocratie, il n’y a lieu, en dernière analyse, ni à constitution ni à gouvernement. La politique, dont on a écrit tant de volumes, et qui fait la spécialité de tant de profonds génies, la politique se réduit à un simple contrat de garantie mutuelle, de citoyen à citoyen, de commune à commune, de province à province, de peuple à peuple, variable dans ses articles suivant la matière, et révocable ad libitum, à l’infini…

Une philosophie, ou théorie à priori de l’Univers, de l’Homme et de Dieu, après Bacon ; une théologie, après Luther ; un gouvernement, après qu’on a posé en principe la souveraineté du peuple : triple contradiction. Sans doute, encore une fois, il n’était pas dans la nature du génie philosophique de reconnaître et de proclamer, aussitôt après la publication du Novum Organum, sa propre déchéance ; et c’est pour cela qu’après Bacon, et jusqu’à nos jours, il a paru des systèmes de phi-