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lution venait de se donner pour chef. Contradiction des deux parts, qui devait en amener une foule d’autres.

J’insiste sur ce principe que j’ai eu l’occasion déjà de rappeler : le chef d’état, même héréditaire, ne représente pas un parti, n’hérite point d’une propriété ; il représente une situation, il hérite d’une nécessité. Les rois de France de la troisième race, qui, avec des tempéraments très-différents, poursuivirent tous, et de main en main, la même œuvre, l’abolition de la féodalité ; de nos jours Robert Peel, qui, chef des torys, ne cessa de combattre la politique des torys, en sont de beaux exemples.

Louis-Bonaparte, indépendamment des sympathies populaires qui l’avaient élevé au pouvoir, était donc, après le 10 décembre, le représentant de la révolution ; par son alliance avec les chefs des vieux partis, au contraire, et par l’opposition des républicains, il était le chef de la contre-révolution. Ce renversement de rôles, qui mettait tout le monde dans une situation fausse, faillit coûter cher au nouveau président. Il était ruiné sans ressource, si dès la fin de 1849 il n’eût désavoué, d’une manière plus ou moins directe et formelle, la politique de la majorité ; si surtout cette majorité ne lui eût ménagé, dans la loi du 31 mai 1850, une branche de salut…

Passons sur les années 1849, 50, 51, et arrivons de suite au 2 décembre.

L’apparition de la démocratie aux affaires n’avait produit en réalité qu’un résultat, c’était de populariser, au moins pour quelque temps, le suffrage