Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/83

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Le peuple ne voulut rien entendre. Le peuple est toujours pour qui l’appelle ; et par cela seul que Bonaparte se soumettait à sa décision, il était sur d’être absous.

L’avenir dira, à vue des actes de Louis-Napoléon, si le coup d’état du 2 décembre fut, je ne dirai pas légitime, il n’y a point de légitimité contre la loi, mais, au point de vue de l’utilité publique, excusable. Tout ce qu’il m’appartient de l’aire, c’est d’en rechercher les éléments, la signification, la fatalité ; c’est, en rendant justice à ceux qui s’armèrent pour le combattre, de sauver l’honneur national.

La Montagne a fait noblement son devoir. Elle a scellé de son sang une cause juste, mais désespérée. Ce sang, celui de plusieurs milliers de citoyens, la proscription en masse du parti démocratique, ont lavé la patrie, et régénéré la révolution. L’Empereur à Sainte-Hélène disait, parlant des Espagnols : « Ma politique exigeait que l’Espagne entrât dans mon système : le changement de sa dynastie était nécessaire. Le peuple espagnol s’est soulevé ; c’était pour lui une question d’honneur : je n’ai rien à dire. » Qu’il me soit permis en ce moment de m’emparer des paroles de l’Empereur. Le salut de la patrie, je veux le croire, et la politique de Louis-Napoléon, politique de progrès, sans doute, exigeaient qu’il obtînt, à tout prix, une prorogation et une extension d’autorité. Les républicains ne pouvaient, sans lâcheté et sans parjure, permettre cette usurpation. Ils se sont immolés : honneur à eux ! Qu’on repousse leur principe, qu’on condamne leurs théories , qu’on proscrive