Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/111

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semblée s’étaient concertés avec ceux des clubs, pour organiser l’escalade du gouvernement. Au moment où le citoyen Wolowski, l’un des plus chauds partisans de l’émancipation polonaise, montait à la tribune, la tête de la colonne pétitionnaire pénétrait dans la cour de l’Assemblée. Le citoyen Wolowski, l’un des hommes les plus modérés et les plus conservateurs de l’Assemblée, ami de M. Odilon Barrot, beau-frère de M. Léon Faucher, s’était fait, ce jour-là, sans le vouloir et sans s’en douter, l’avocat du néo-jacobinisme, l’orateur de l’insurrection. De pareils exemples devraient ouvrir les yeux aux hommes qui se disent politiques, et leur faire comprendre combien odieuses et stupides sont les vengeances des réactions.

Le citoyen Wolowski commence par résumer, en vrai clubiste, les lieux communs débités depuis dix-huit ans sur la Pologne.

« Citoyens représentants, jamais peut-être question plus grave et plus solennelle n’a été soulevée devant vous : elle peut porter dans ses plis la paix ou la guerre.

« Je ne me dissimule point les difficultés du problème, et cependant je l’apporte avec confiance devant vous : car je crois que toutes les idées sont à l’unisson sur cette grande question. Je ne ferai à personne, dans cette enceinte, l’injure qu’il ne soit pas entièrement dévoué, fortement dévoué à la cause de la Pologne.

(On entend au dehors les cris du Peuple: Vive la Pologne !)

« La France, citoyens, est le cœur des nations : elle sent en elle les pulsations de l’humanité toute entière. Et c’est surtout lorsqu’il s’agit d’une nation à laquelle on a donné avec raison le nom de France du Nord, lorsqu’il s’agit d’un peuple où toutes les idées, toutes les tendances sont communes avec le peuple de France ; lorsqu’il s’agit d’un peuple qui a toujours appuyé la même cause, qui a toujours versé son sang avec vous sur les champs de bataille, que je