Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cadres de cette grande armée, il faut pourvoir au travail des hommes que l’on congédie : la commission le sent, et c’est l’objet de son incessante préoccupation.

Elle présente successivement au ministre des propositions spéciales de nature à rassurer les travailleurs sur les intentions du pouvoir. Des encouragements aux associations ouvrières, la colonisation algérienne sur une vaste échelle, une loi sur les prud’hommes, l’organisation d’un système de caisses de retraite et d’assistance, telle est la part qu’elle propose de faire aux légitimes exigences de la classe ouvrière. Des primes à l’exportation, des avances sur les salaires, des commandes directes, une garantie sur certains objets manufacturés, sont les mesures qu’elle indique en faveur des commerçants et des industriels. Le bourgeois et l’ouvrier avaient part égale à la sollicitude de la commission : comme dans sa pensée leurs intérêts étaient solidaires, elle ne les séparait point dans ses projets d’encouragement et de crédit. Elle évalue à 200 millions la dépense totale à répartir entre les divers départements ministériels ; mais elle est convaincue qu’il s’agit là d’une dépense productive, d’une charge apparente et non réelle, beaucoup moins lourde pour le pays que les conséquences d’un plus long chômage.

Trélat adopte pleinement ces vues. Il ne s’agissait plus là, en effet, ni de communisme, ni d’organisation égalitaire, ni de mainmise universelle de l’État sur le travail et les propriétés. Il s’agissait simplement de revenir au statu quo, de rentrer dans l’ornière, d’où la secousse de février nous avait fait sortir. Trélat cherche à faire pénétrer ces idées dans les commissions de l’Assemblée nationale ; mais en vain. On objecte la pénurie du Trésor ; et l’on ne veut pas voir qu’il s’agit de sauver le Trésor lui-même, en lui rendant, par une large distribution de crédit, ses recettes anéanties. On affecte de ne pas comprendre que les sacri-