Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/135

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pour que les enrôlements commencent de suite. « Le public et les ouvriers eux-mêmes, dit le Moniteur, verront avec plaisir que par cette mesure on commence enfin la solution de cette grave question. Les ateliers nationaux ont été une nécessité inévitable pour quelque temps : maintenant ils sont un obstacle au rétablissement de l’industrie et du travail. Il importe donc, dans l’intérêt le plus pressant des ouvriers eux-mêmes, que les ateliers soient dissous ; et nous sommes persuadés que les travailleurs le comprendront sans peine, grâce au bon sens et au patriotisme intelligent dont ils ont fait preuve si souvent. »

Le 22 juin, le gouvernement informe les ouvriers que, dans l’état de la législation, les engagements ne peuvent être contractés qu’à dix-huit ans ; mais que, pour faciliter la dissolution des ateliers nationaux, un projet de décret, en ce moment soumis à l’Assemblée nationale, abaisse à dix-sept ans la limite de l’âge requis pour l’enrôlement volontaire.

L’âge de l’apprentissage devenu l’âge de la conscription ! quelle touchante sollicitude ! quel commentaire à la théorie de Malthus !

Tandis que la Commission exécutive vaque à ces soins urgents, que le Comité des travailleurs s’ensevelit dans les enquêtes, les rapports, les discussions, les projets, la réaction jésuitique harcèle le ministre des travaux publics, épouvante l’Assemblée nationale sur les conséquences communistes du rachat des chemins de fer, montre partout la main de l’État prête à s’emparer du travail libre et des propriétés. M. de Montalembert, avec l’à-propos le plus perfide, cite le passage suivant du journal la République, écrit sous l’inspiration de la théorie d’initiative gouvernementale qui dominait alors :

« Nous ne chercherons pas à tourner la difficulté ; on ne gagne rien à ruser avec les gens d’affaires... Oui, c’est de