Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/181

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cial, prend tour à tour un caractère différent : ici elle est le prêt, distingué suivant les espèces ; là elle est la réciprocité, le crédit.

Le mouvement ou transport des valeurs, des citoyens les uns aux autres, qui résulte de cet échange, est donc la circulation, la grande fonction économique de la société. Les conditions spéciales auxquelles donne lieu cet échange, créent, pour chaque espèce de créanciers et de débiteurs un système particulier de rapports, dont la science constitue, suivant le point de vue où on l’envisage, l’économie domestique ou l’économie sociale. Au point de vue de l’économie domestique, le propriétaire prête sa terre moyennant fermage ; le capitaliste, ses fonds, moyennant rente ; le banquier fait l’escompte, sous déduction d’intérêt ; le commerçant prélève un bénéfice ; le courtier, une commission, etc. Au point de vue de l’économie sociale, les services des citoyens ne font que s’échanger les uns contre les autres, suivant une règle de proportion, qui constitue leur valeur relative ; la retenue n’existe pas.

La circulation vient-elle à s’arrêter ?

Cela veut dire que le rentier, pour une cause quelconque, refuse d’avancer ses fonds à l’État, et vend même à perte ses créances ; — que le banquier refuse d’escompter les valeurs des négociants ; — le capitaliste, de commanditer l’industriel et de prêter au laboureur ; — le commerçant, de se charger de marchandises sans garantie de débouché ; — le fabricant, de produire sans commandes ; — que le propriétaire, incertain de ses rentrées, ne peut plus soutenir ses dépenses, et que l’ouvrier sans travail ne consomme plus.

Pour rétablir cette circulation suspendue, que faut-il ? une chose très simple : c’est que tout le monde, d’un commun accord, et par une convention publique, fasse ce qu’il faisait auparavant d’un consentement tacite, et sans s’en rendre compte.