Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/203

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blique, est chose parfaitement inutile ; je pense que le provisoire que nous avions depuis huit mois, pouvait très bien, avec un peu plus de régularité, un peu moins de respect pour les traditions monarchiques, être rendu définitif ; je suis convaincu que la Constitution, dont le premier acte sera de créer une présidence, avec ses prérogatives, ses ambitions, ses coupables espérances, sera plutôt un péril qu’une garantie pour la liberté.

« Salut et fraternité.

« P.-J. Proudhon,...........................................
» Représentant de la Seine,...............................

« Paris, 4 novembre 1848. »

Cette lettre suffit pour le législateur : le publiciste doit à ses lecteurs de plus amples explications. Nous sommes si infatués de pouvoir, nous avons été si bien monarchisés, nous aimons tant à être gouvernés, que nous ne concevons pas la possibilité de vivre libres. Nous nous croyons démocrates parce que nous avons renversé quatre fois la royauté héréditaire : quelques-uns, allant jusqu’à nier la présidence élective, sauf à rassembler ensuite les pouvoirs dans une Convention dirigée par un comité de salut public, se croient parvenus aux colonnes d’Hercule du radicalisme. Mais nous ne voyons pas qu’obstinés à cette idée fixe de Gouvernement, nous ne sommes, tous tant qui nous faisons la guerre pour l’exercice du pouvoir, que des variétés d’absolutistes !

Qu’est-ce qu’une constitution politique ?

Une société peut-elle subsister sans constitution politique ?

Que mettrons-nous à la place de la constitution politique ?

Telles sont les questions que je me propose de résoudre, en moins de mots peut-être qu’il n’en faudrait à d’autres seulement pour les exposer. Les idées que je vais produire sont vieilles comme la démocratie, simples comme le suf-