Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/329

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qu’elle est, changeant les rapports sans toucher aux intérêts immédiats et au matériel, réforme le système en le continuant ; car, ne l’oublions pas, le socialisme doit avoir tout le monde pour auteur et complice, à peine de créer une confusion babélienne, une tyrannie, une misère épouvantable.

Certes, rien de plus facile, sur le papier, que de racheter, au moyen de rentes sur l’État, canaux, chemins de fer et mines, grandes propriétés et grandes manufactures ; de substituer des corporations ouvrières aux compagnies en commandite ; de faire des propriétaires et entrepreneurs actuels des directeurs salariés par l’État, etc., etc. On a vu avec quelle confiance Louis Blanc, d’accord avec les notabilités du Luxembourg, proposait d’opérer par décret le transport du personnel, du matériel, des propriétés et de toute l’industrie du pays.

Eh bien ! quand les droits et devoirs des associés, travailleurs, directeurs, inspecteurs, apprentis, etc., sous ce nouveau régime, eussent été définis, — et ils ne l’étaient pas ;

Quand les attributions de chaque industrie, de chaque société, de chaque individu, eussent été fixées, — et elles ne l’étaient pas ;

Quand les salaires de tout ce personnel , le prix de tous les produits, eussent été déterminés, — et ils ne l’étaient pas, il était impossible qu’ils le fussent ;

Quand au moyen de bénéfices imaginaires, on aurait trouvé le secret de faire rembourser par les associations ouvrières le capital mobilier et immobilier que l’État aurait racheté pour elles, — et la plus simple notion d’économie sociale démontre que l’idée de rachat universel des propriétés exclut la possibilité de remboursement ;

Quand toutes les volontés eussent été d’accord, — et la plus profonde discorde régnait au sein même du socialisme ;

Quand toutes ces choses impossibles à régler par la dis-