Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/378

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Il s’agit, en un mot, pour la monarchie, si elle nous est rendue en 1852, de prendre la tête de la Révolution, au lieu de la combattre, comme elle fait, à outrance ; et d’exécuter sur le pays et sur elle-même ce contre quoi ses partisans protestent de toute leur force, la transmutation du régime politique et gouvernemental, en régime économique et contractuel.

Une telle conversion est-elle possible ? Je ne le puis croire ; et si je ne me trompe, les royalistes, à quelque dynastie qu’ils s’en réfèrent, sont tous de mon opinion. Le pouvoir monarchique, disent-ils, ne peut se rétablir qu’à la condition de se faire contre-révolutionnaire, c’est-à-dire de se jeter de nouveau dans un extrême quatre fois condamné : c’en est assez pour susciter contre lui l’invincible antipathie des classes moyennes.

Force nous est donc d’en rester à la République. Mais quelle République ? Sera-ce seulement la République honnête, modérée, philanthropique, représentative, constitutionnelle ?

Je ne nie pas que tel ne soit en ce moment le désir et la volonté du plus grand nombre ; je reconnais volontiers que cette nuance, la moins foncée, de la démocratie, a des chances sérieuses de reparaître, d’autant mieux qu’en désespoir de leur propre cause, les fractions monarchiques ne peuvent manquer de l’appuyer. Mais j’ajoute qu’il faudrait être dépourvu de la plus commune prévoyance pour ne pas être convaincu que cette autre forme de juste-milieu ne saurait être de longue durée.

Quel est le but de la République ?

C’est, l’article 13 de la Constitution répond pour moi, de fonder la Liberté et le Progrès, sur une moyenne, à peu près constante, et rendue générale, de travail et de fortune.

Quel est, pour atteindre ce but, l’instrument, le grand ressort de la République ?