Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/108

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payez comptant 500 fr. Si à l’échéance vous prenez livraison, vous n’avez plus à payer que 39,750 fr. Mais à la fin du mois, le 3 0/0 n’est plus qu’à 79, ce qui veut dire que vos 1,500 fr. de rente ne valent plus en capital que 39,500 fr. La perte pour vous est donc de 750 fr. Vous abandonnez vos 500 fr., et le marché est nul ; c’est le vendeur qui profite de la prime. Si au contraire la rente est à 81, vous prenez les titres, et vous bénéficiez de la plus-value.

Les primes, au lieu de se payer comptant, se portent quelquefois en compte ; elles sont alors exigibles à la liquidation.

Sur la rente elles varient de 50 c. à 2 fr. par coupon ; sur les actions, de 10 à 20 fr. Ce ne sont au surplus que des usages.

La faculté laissée à l’acheteur de maintenir ou de résilier le marché fait que les ventes à primes se font à un plus haut prix que les ventes fermes. Cette différence de cours donne lieu à des opérations combinées sur lesquelles nous aurons à revenir.

La négociation que nous venons de décrire a son inverse : le vendeur donne une prime à l’acheteur pour l’obliger à recevoir, à un prix convenu, aux jour et heure indiqués, les titres qui lui ont été vendus. Le marché est libre pour le vendeur et obligatoire pour l’acheteur. Les primes pour recevoir ne sont en usage que chez les coulissiers.

La réponse des primes se donne le 15 et le dernier jour du mois, à deux heures au plus tard, c’est-à-dire que les acheteurs préviennent les vendeurs s’ils lèvent ou non les effets achetés.

Les marchés à terme sont le véritable champ de bataille de la spéculation agioteuse. Les interdire, ce serait restreindre des quatre-vingt-dix-neuf centièmes les opérations plus ou moins abusives qui se font à la Bourse. Nombre d’individus seraient forcés de travailler pour vivre, qui, avec peu ou point de capitaux, font d’immenses affaires, et, sans trop de fatigue ni même de risques, mènent bon train et font chère lie.