Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/110

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restent pour compte, et de se faire payer par l’acheteur inexact la différence entre le taux de la première acquisition et celui auquel il revend. C’est ce qu’on appelle exécuter un spéculateur. Il y a chance d’exécution lorsque les cours à la liquidation sont notoirement inférieurs à ceux où l’on a acheté, car s’ils sont supérieurs, l’acheteur n’a qu’à gagner. Le vendeur qui n’est pas en mesure de livrer est également exécutable. L’exécution est la faillite de l’homme de Bourse. Il peut l’ajourner au moyen du report dont nous parlerons tout à l’heure.

Quand un joueur est exécuté, si l’agent de change n’a pas de lui une couverture suffisante, il peut être tenu de combler de ses propres fonds le déficit. M. de Mériclet cite un fait de ce genre, où l’officier ministériel en fut pour 40,000 fr. ; et, il y a quelques années, des bruits circulèrent d’un personnage laissant à ses agents un déficit de quelques cent mille francs, qu’ils furent obligés de couvrir. N’oublions pas toutefois que tout ce monde, agents et clients, s’est mis en dehors de la loi.

Les tiraillements entre haussiers et baissiers n’ont jamais plus d’activité qu’au moment des liquidations.

La liquidation mensuelle dure cinq jours[1]. Le dernier du mois on donne la réponse des primes ; — le premier, on liquide les actions de chemins de fer ; — le second jour, on liquide les autres valeurs ; — le troisième, les agents de change balancent leurs comptes et se mettent d’accord sur les différences qu’ils ont à se payer et les effets qu’ils doivent se livrer ; — enfin le quatrième, on effectue les payements et les livraisons.

La liquidation du 15, étant spéciale pour les chemins de fer, dure un jour de moins ; à part cette différence, on procède comme pour celle de la fin du mois.

D’après ce que nous avons dit de la nature des opérations, il est aisé de comprendre combien les livraisons sont minimes, comparativement au chiffre des différences à solder.

  1. On ne compte que les jours où il y a Bourse ; les jours fériés sont à déduire, et les liquidations sont retardées d’autant.