Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/129

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d’intermédiaires. Ils ne vendent ni n’achètent autrement que par commission. Ils ne sont pour rien dans la fixation du cours ; la constatation seule leur en est réservée. Ils ne sont ni banquiers ni commerçants ; ils mettent à contribution la banque et le commerce. Ils jouissent d’un vieux privilége : il en a toujours été ainsi ; il en sera, espèrent-ils, longtemps encore de même.

Entre temps, la pratique, toujours en avance sur la législation, s’affranchit peu à peu du monopole : les opérations de change reviennent de droit et de fait aux banques publiques et privées et aux comptoirs d’escompte.

Ce n’est pas que MM. les officiers publics s’en préoccupent. Nous avons vu déjà combien ils sont bons princes avec les coulissiers et les courtiers-marrons. Leur libéralité ne se dément pas en cette occurrence. Qu’est-ce, en effet, que de misérables effets de commerce pour des gens qui ont la main sur la rente, les chemins de fer, les canaux, les mines, les usines, les forges, la Banque, les assurances, etc. ?

Ce qui précède suffit pour donner une idée de la nature du contrat de change, de sa nécessité, des combinaisons dont il est susceptible, des causes de variation entre les différentes places, de la hausse et de la baisse sur une même place à diverses époques. Il nous reste à compléter, par quelques détails techniques, ces notions générales.

On distingue deux sortes de monnaies : 1o Monnaie réelle ; elle existe matériellement en pièces d’or, d’argent ou de billon. — 2o Monnaie de change ; elle n’existe pas toujours en métal ; c’est le nom qu’on donne parfois à une somme d’espèces ou de fractions d’espèces.

Chez nous le franc est à la fois monnaie effective et monnaie de compte ou de change. Mais il n’en est pas de même partout. En Hollande, par exemple, la livre de gros, adoptée pour les négociations du change, n’existe pas en métal ; elle représente 6 florins de monnaie réelle.

Le prix du change entre deux places s’évalue par la comparaison de leurs monnaies réelles ou de change, servant, la première de type, la seconde d’unité monétaire.

On dit qu’une place donne le certain quand sa monnaie