Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/15

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Des subalternes, témoins des grands coups de leurs chefs, se disent qu’en pillant les caisses qui leur sont confiées, ils ne sont, après tout, ni plus ni moins prévaricateurs que leurs honorables patrons : et ce qu’il y a de triste, tandis que ces misérables s’absolvent dans leur conscience, le public n’est pas loin de leur appliquer le bénéfice des circonstances atténuantes !

Compagnie d’assurances l’Économie : détournement de plus d’un million, espèces, par le directeur ;

Compagnie du chemin de fer du Nord : soustraction de cinq à six millions, actions, par le caissier ;

Succursale de la Banque, à Besançon : détournement de 400,000 francs par le caissier ;

Sous-Comptoir des Denrées coloniales, à Paris : pillage de la caisse par le gérant ;

Compagnie du Crédit mobilier : vol de 147,000 francs par un courtier de la Compagnie… Je m’arrête : la kyrielle tiendrait une feuille.

Pas un département, pas un chef-lieu, qui n’ait son scandale. Et combien que l’on ignore ! Combien que l’on dissimule, par respect des familles, et pour ménager la dignité des Compagnies ! Chez nos alliés d’outre-Manche, les sinistres se sont multipliés au point que l’on a proposé de former une assurance contre le vol. On ne se fie plus à la morale, contredite par tant de faits éclatants, que revêt le caractère sacré de la loi.

Quoi ! vous adjugez des concessions, vous créez des monopoles qui, du soir au matin, sur des centaines de milliers d’actions, créent des centaines de francs de prime ; — quarante millions sont distribués aux porteurs d’actions de jouissance, en indemnité de bénéfices éventuels que l’État n’avait point garantis, que les canaux n’eus-