Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/24

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du fer brut, de la houille, des outils : c’est, avec l’argent qui lui sert de fonds de roulement, son capital. Sa main-d’œuvre, la façon nouvelle qu’il donne au fer, c’est son travail proprement dit.

Mais le charbon qu’il brûle, le fer qu’il forge, sont le résultat d’un travail antérieur, semblable au sien. D’un autre côté, les charrues, les essieux, les ferrures de charrettes et de tombereaux qu’il livre à l’agriculteur, deviennent pour ce dernier des instruments de production. En sorte que dans le système général de l’économie, capital et travail se confondent. Ce qui est produit, sortant des mains de l’un, devient matière première ou capital, entrant dans les mains de l’autre. Les cotons, les laines, produit du colon ou du fermier, seront le capital, ou du moins partie du capital du filateur ; les fils, produit de celui-ci, deviendront la matière ouvrable du tisseur ; les toiles et les draps, produit de ce dernier, formeront la matière première des ateliers de confection pour la lingerie et l’habillement.

Donc le capital, c’est la matière sur laquelle et avec laquelle on travaille ; le travail proprement dit est la façon nouvelle donnée à cette matière.

Le premier capital est fourni gratuitement à l’homme par la nature. Avec le temps, ce premier capital, transformé par le travail, est presque entièrement approprié, et la prestation en est faite par les détenteurs, qui prennent, pour cette raison, le titre de capitalistes ou propriétaires. On nomme crédit (bail, loyer, fermage, amodiation, commandite, etc.) l’acte général par lequel le capital passe des mains du capitaliste ou propriétaire à celles du travailleur ou industriel.

3o Le Commerce. — La prestation des capitaux, pour tout ce qui est en dehors de l’exploitation du sol, suppose le transport ou la circulation des produits. Ce transport est à juste titre considéré comme une nouvelle forme de la production.

Par exemple, le navigateur qui amène dans nos ports les denrées des tropiques livre, il est vrai, sa cargaison de thés, de cotons, de sucres, d’indigos, de cafés, de bois de teinture, telle qu’il l’a reçue ; les mariniers, les compagnies de che-