Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/243

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pour qu’elle s’épargne le surcroît de sollicitude que pourrait lui donner l’administration journalière de son capital, qu’elle écarte de ses actionnaires la pensée que ce capital pourrait, par la variation de ses placements, être jeté dans un mouvement en quelque sorte aléatoire, qu’elle écarte des porteurs de ses billets, dont le suffrage demande bien plus de ménagements encore que celui des actionnaires (c’est-à-dire du public tout entier, qui admet comme réelle la monnaie qu’elle fabrique), l’opinion que l’espèce de cautionnement qui réside dans ce capital, comme gage supplétif du portefeuille de la Banque, comme moyen d’indemnité des avaries que le portefeuille peut essuyer par les vices de l’escompte, pourrait lui-même éprouver quelques avaries.

« Le capital d’une banque doit, par la forme de son placement, rester en quelque sorte toujours immuable, pour que sa consistance ne soit jamais soupçonnée d’altération ; il doit en même temps rester dans un état immédiatement disponible, puisqu’il doit être toujours prêt à couvrir les pertes du portefeuille. Une partie de ce capital doit former une réserve en espèces ; cette partie est improductive d’intérêts. Le meilleur emploi qui puisse être fait du reste semble être la conversion en effets de la dette publique du pays, négociables sur la place, puisque ce placement joint à l’avantage d’assurer un intérêt favorable et régulièrement payé celui de la disponibilité libre, si le besoin de la Banque l’exigeait ; et quoique ce dernier cas ne puisse jamais arriver dans une banque qui n’a livré ses billets qu’en échange de la bonne matière escomptable, la prudence oblige toutefois de le prévoir.

« Il faut qu’une banque se maintienne en état de se liquider à tout moment, d’abord vis-à-vis des porteurs de ses billets, par la réalisation de son portefeuille ; et après les porteurs de ses billets, vis-à-vis de ses actionnaires, par la distribution à faire entre eux de la portion du capital fourni par chacun d’eux. Pour ne jamais finir, une banque doit être toujours prête à finir. »


Si quelqu’un nous eût dit en 1848 qu’il existait de l’empereur Napoléon 1er une pièce dans laquelle les principes de la Banque du Peuple et du Crédit gratuit étaient aussi explicitement formulés, nous ne l’eussions pas voulu croire.

Reprenons le raisonnement de M. Mollien :

Si le capital de la Banque de France est placé en rentes sur l’État, qui en paye à la Banque l’intérêt, cet intérêt ne doit plus être compté dans le prix que la Banque exige du commerce pour l’escompte du papier ; il ne reste, comme