Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/396

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d’établir un service de bateaux à vapeur, ayant son point de départ à Marseille, et desservant à époques fixes les divers ports du littoral de l’Italie, de la Grèce, Malte, Alexandrie, Smyrne et Constantinople.

L’exemple du gouvernement français donna bientôt naissance à la création de lignes semblables, par l’Angleterre, l’Autriche, les États-Unis, la Turquie elle-même. Les Compagnies anglaises, Cunard et Péninsulaire, par le nombre et la puissance de leurs steamers, et par l’étendue de leurs lignes, laissent loin derrière elles aujourd’hui tout ce qui a été tenté en France et dans les autres États.

Pendant quatorze ans le service de la Méditerranée fut exécuté par l’État, avec un déficit annuel de 3,500,000 fr. En 1847 et 1848, ce déficit s’élevait à 4,500,000 fr., non compris les frais généraux, l’intérêt du capital, l’assurance et la dépréciation. Triste monument de l’imbécillité de l’État en matière de commerce et d’industrie.

Le gouvernement pensa alors sans doute qu’il ne pouvait se débarrasser à trop haut prix d’une si détestable affaire : par la loi du 8 juillet 1851, le service des paquebots de la Méditerranée fut concédé à la Compagnie des Messageries nationales, aux conditions suivantes :

Durée de la concession, 20 ans ;

Reprise du matériel de l’État, consistant en 13 navires de la force de 160 à 220 chevaux, pour le prix de 3,318,000 fr.

Subvention de l’État, moyenne annuelle, 2,700,000 fr.

Parcours effectués chaque année, 105,216 lieues marines.

La Compagnie s’est formée au capital de 24 millions de francs, divisé en deux séries de 2,400 actions de 5,000 fr. chacune.

La première série a été seule émise, avec un versement de 2,500 fr. par action : ce qui portait à 6 millions le capital immédiatement disponible.

Or, après une exploitation de 16 mois, le capital de 6 millions n’avait pas été entièrement dépensé : il restait un solde de 607,076 fr. Le produit net de la Compagnie était de 3,086,345 fr. ; elle payait à ses actionnaires un dividende de 600 fr. par versement de 2,500 fr., soit 18 0/0 l’an, et elle an-