Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/69

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Le gouvernement de Louis-Philippe, en philosophe qui subit ce qu’il ne peut empêcher, ferma les yeux sur les réunions du café Tortoni et du passage de l’Opéra. Mais en 1849, M. Carlier, ayant prétendu que force devait rester à la loi, fit fermer le cercle du boulevard des Italiens. Chassés par la porte, les spéculateurs rentrèrent, comme on dit, par la cave : depuis 1853, la police a fourni contre eux deux campagnes, d’abord en les dépistant du passage de l’Opéra, ensuite du Casino où ils s’étaient réfugiés en dernier lieu. Devant les sergents de ville, les contrevenants semblaient s’être résignés. Mais voici qu’ils tiennent leurs réunions ambulantes sur l’asphalte du boulevard, et jamais la spéculation coulissière ne s’est livrée plus tranquillement à ses manœuvres.

La police de la Bourse appartient, à Paris, au préfet de police ; aux commissaires généraux de police dans les places de Lyon, Marseille, Bordeaux ; aux maires dans les villes où il n’y a pas de commissaires spéciaux.

« Aucun pouvoir militaire, dit la loi du 28 vendémiaire an IV, n’exercera de fonctions dans l’intérieur de la Bourse, qui ne sera soumise qu’à la surveillance de la police administrative. »

Un commissaire assiste, à Paris, à chaque séance.

« La Bourse est ouverte à tous les citoyens et même aux étrangers. » (Arrêté du 27 prairial an X). — « Nul commerçant failli ne peut s’y présenter, à moins qu’il n’ait obtenu sa réhabilitation. » (Code de comm., art. 614.)

L’entrée en est également interdite aux individus condamnés à des peines afflictives et infamantes. L’arrêt de 1724 défendait aux femmes d’entrer à la Bourse, pour quelque cause et prétexte que ce fût. L’arrêté de prairial an X maintint implicitement cette exclusion, en n’y admettant que les personnes jouissant de leurs droits politiques. Aucune loi n’est venue jusqu’ici abroger cette prohibition, et elle continue de rester en vigueur. C’est un paragraphe à ajouter au chapitre de l’émancipation de la femme.

Depuis le 1er janvier 1857, un droit d’entrée a été établi à la Bourse par la municipalité de Paris : ce droit est de 1 fr. par personne, et de 50 centimes par abonnement.