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il ne distingue pas mieux aujourd’hui un savant d’un sophiste, qu’il ne séparait autrefois un physicien d’un sorcier. « Léger à croire, recueillir et ramasser toutes nouvelles, tenant tous rapports pour véritables et asseurez, avec un sifflet ou sonnette de nouveauté, l’on rassemble comme les mouches au son du bassin[1]. »

Puissiez-vous, messieurs, vouloir l’égalité comme je la veux moi-même ; puissiez-vous, pour l’éternel bonheur de notre patrie, en devenir les propagateurs et les hérauts ; puissé-je être le dernier de vos pensionnaires ! C’est de tous les vœux que je puis former le plus digne de vous, messieurs, et le plus honorable pour moi.

Je suis avec le plus profond respect et la reconnaissance la plus vive,

Votre pensionnaire,
P.-J. PROUDHON.

Deux mois après la réception de cette lettre, l’Académie, dans sa délibération du 24 août, répondit à l’adresse de son pensionnaire par une note dont je vais rapporter le texte :

« Un membre appelle l’attention de l’Académie sur une brochure publiée au mois de juin dernier par le titulaire de la pension-Suard, sous ce titre : Qu’est-ce que la propriété ? et dédiée par l’auteur à l’Académie. Il est d’avis que la compagnie doit à la justice, à l’exemple et à sa propre dignité, de repousser par un désaveu public la responsabilité des doctrines antisociales que renferme cette production. En conséquence il demande :

« 1o Que l’Académie désavoue et condamne de la manière la plus formelle l’ouvrage du pensionnaire-Suard, comme ayant été publié sans son aveu, et comme lui attribuant des opinions entièrement opposées aux principes de chacun de ses membres ;

« 2o Qu’il soit enjoint au pensionnaire, dans le cas où il

  1. Charron, de la Sagesse, chap. 18.