Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/164

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pour un prix excédant les frais de réparations, lesquelles réparations sont à la charge du prêteur, et figurent les produits qu’il échange contre d’autres produits, est stellionataire, coupable d’escroquerie et de concussion. En un mot, tout loyer perçu, à titre de dommages-intérêts, mais comme prix du prêt, est un acte de propriété, un vol.

Commentaire historique. Le tribut qu’une nation victorieuse impose à une nation vaincue est un véritable fermage. Les droits seigneuriaux, que la révolution de 1789 a abolis, les dîmes, mains-mortes, corvées, etc., étaient différentes formes du droit de propriété ; et ceux qui, sous les noms de nobles, seigneurs, prébendiers, bénéficiaires, etc., jouissaient de ces droits, n’étaient rien de plus que des propriétaires. Défendre la propriété aujourd’hui, c’est condamner la révolution.


Deuxième proposition.


La propriété est impossible, parce que là où elle est admise la production coûte plus qu’elle ne vaut.


La proposition précédente était d’ordre législatif ; celle-ci est d’ordre économique. Elle sert à prouver que la propriété, qui a pour origine la violence, a pour résultat de créer une non-valeur.

« La production, dit Say, est un grand échange : pour que l’échange soit productif, il faut que la valeur de tous les services se trouve balancée par la valeur de la chose produite. Si cette condition n’a pas été remplie, l’échange a été inégal, le producteur a plus donné qu’il n’a reçu. »

Or la valeur ayant pour base nécessaire l’utilité, il résulte que tout produit inutile est nécessairement sans valeur, qu’il ne peut être échangé, partant, qu’il ne peut servir à payer les services de la production.

Donc, si la production peut égaler la consommation, elle ne la dépassera jamais ; car il n’y a production réelle que là où il y a production d’utilité, et il n’y a utilité que là où se trouve possibilité de consommation. Ainsi tout