Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/115

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trois quarts et le remaniant à sa guise, s’attirerait une immense renommée, et ferait oublier l’auteur.

Peut tout dire enfin sur cet intéressant ouvrage, c’est là que M. Wolowski, ami et compatriote de l’auteur, professeur de législation comparée au Conservatoire des arts et métiers, a puisé son projet d’organisation du crédit foncier, projet d’une haute portée, et qui a reçu l’adhésion des hommes les plus considérables et les plus compétents en cette matière.

Tel est donc le développement normal et complet de toutes les institutions possibles de crédit, puisque au delà de cette théorie, qui embrasse toutes les valeurs produites et productibles, tous les capitaux engagés et la terre, il n’y a rien :

1° évolution : Lettre de change, prêt sur gage, banque de dépôt.

2° évolution : Banque de circulation et d’escompte ; papier de confiance, papier-monnaie, assignats.

3° évolution : Dégagement de tous les capitaux, représentés par des billets portant intérêt.

Le système de M. Cieszkowski, conséquence nécessaire deux premiers, sera-t-il réalisé ? A ne s’en rapporter qu’au mouvement économique qui emporte la société, on peut le croire. Toutes les idées, en France, sont à la réforme hypothécaire et à l’organisation du crédit foncier, deux choses qui, sous une forme plus ou moins accusée, entraînent de force l’application de ce système. M. Cieszkowski, en véritable artiste, a tracé l’idéal du projet ; il a décrit la loi économique à laquelle toutes les réformes ultérieures de la société sont soumises. Peu importent dès lors les variétés d’application et les modifications de détail : l’idée est sienne en sa qualité de théoricien, et même, en cas de réalisation, de prophète. M. Cieszkowski, en un mot, a raconté l’une des phases les plus curieuses de l’organisation sociale : il est possible qu’il existe ici une lacune dans l’histoire, cette lacune n’existera pas dans la science. La société vit plus par l’esprit que par les sens : c’est pourquoi il lui est quelquefois permis, dans la pratique, de faire des enjambements.

Jetons maintenant un coup d’œil rétrospectif sur ce mouvement prodigieux, à la fois si spontané et si logique, du crédit, et tâchons d’en faire ressortir la preuve de cette nécessité providentielle, car désormais nous pouvons accoupler ces deux termes, que nous rencontrons à chaque pas et dont