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CHAPITRE XI.


HUITIÈME ÉPOQUE. — LA PROPRIÉTÉ.
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§ I. — La propriété est inexplicable hors de la série économique. — De l’organisation du sens commun, ou problème de la certitude.


Le problème de la propriété est après celui de la destinée humaine le plus grand que puisse se proposer la raison, le dernier qu’elle parviendra à résoudre. En effet, le problème théologique, l’énigme de la religion, est expliqué ; le problème philosophique, qui a pour objet la valeur et la légitimité de la connaissance, est résolu : reste le problème social, qui ne fait qu’un avec ces deux-là, et dont la solution, de l’aveu de tout le monde, tient essentiellement à la propriété.

J’exposerai dans ce chapitre la théorie de la propriété en soi, c’est-à-dire dans son origine, son esprit, sa tendance, ses rapports avec les autres catégories économiques. Quant à déterminer la propriété pour soi, c’est-à-dire dans ce qu’elle doit être après la solution intégrale des contradictions, et qu’elle devient tous les jours, c’est, comme j’ai dit, la dernière phase de la constitution sociale, l’objet d’un travail nouveau, dont celui-ci a pour but de faire entrevoir le dessin et de poser les bases.

Pour bien entendre la théorie de la propriété en soi, il est nécessaire de prendre les choses de plus haut, et de présenter sous un nouvel aspect l’identité essentielle de la philosophie et de l’économie politique.

De même que la civilisation, au point de vue de l’industrie, a pour but de constituer la valeur des produits et d’organiser le travail, et que la société n’est autre chose que cette constitution et cette organisation ; de même l’objet de la philosophie est de fonder le jugement en déterminant la valeur de la connaissance et organisant le sens commun ; et ce