Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/82

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découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux mondes, dans cet infini de la logique.

Par un cas assez fréquent dans l’économie sociale, la théorie de la balance du commerce n’est, pour ainsi dire, qu’une application particulière de quelques opérations d’arithmétique usuelle, addition, soustraction, multiplication, division. Or, si je demandais laquelle de ces quatre expressions, somme, différence, produit, quotient, présente l’idée la plus simple ou la plus générale ; lequel du nombre 3 et du nombre 4, pris l’un et l’autre comme facteurs, ou du nombre 12 qui en est le produit, est le plus ancien, je ne dis pas dans ma multiplication, mais dans l’arithmétique éternelle où cette multiplication existe par cela seul que les nombres s’y rencontrent ; si dans la soustraction le reste, dans la division le quotient, indiquent un rapport plus ou moins complexe que les nombres qui ont servi à le former, n’est-il pas vrai que je paraîtrais faire une question dépourvue de sens ?

Mais, si de pareilles questions sont absurdes, il est tout aussi absurde de croire qu’en traduisant ces rapports arithmétiques en langage métaphysique ou commercial, on change leur qualité respective. Répartir équitablement entre les hommes les dons gratuits de la nature est une idée aussi élémentaire dans la raison infinie que celle d’échanger ou de produire ; cependant, si nous en croyons notre logique, la première de ces idées vient à la suite des deux autres, et ce n’est même que par une élaboration réfléchie de celles-ci que nous arrivons à réaliser celle-là.

En Angleterre le travail produit, je suppose, 100 pour 60 de dépense ; en Russie, 100 pour 80. Additionnant ensemble, d’abord les deux produits (100 + 100 = 200), puis les chiffres de dépense (60 + 80 = 140) ; retranchant ensuite la plus petite de ces deux sommes de la plus grande (200 — 140 = 60), et divisant le reste par 2, le quotient 30 indiquera le bénéfice net de chacun des producteurs, après leur association par la balance du commerce.

Occupons-nous d’abord du calcul. Dans le calcul, les nombres 100, 200, 60, 80, 140, 2, 30, semblent s’engendrer les uns des autres par un certain dégagement. Mais cette génération est exclusivement l’effet de notre optique intellectuelle ; ces nombres ne sont en réalité que les termes d’une série dont chaque moment, chaque rapport, nécessairement simple ou complexe selon la manière dont un l’envisage, est