Page:Proust - La Prisonnière, tome 2.djvu/127

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme il descendait le Rhône en compagnie de son ami le marquis de La Moussaye. Condé dit :

Carus Amicus Mussexus,
Ah ! Deus bonus quod tempus
Landerirette
Imbre sumus perituri.

Et La Moussaye le rassure en lui disant :

Securæ sunt nostræ vitæ
Sumus enim Sodomitæ
Igne tantum perituri
Landeriri.

— Je retire ce que j’ai dit, dit Charlus d’une voix aiguë et maniérée, vous êtes un puits de science ; vous me l’écrirez n’est-ce pas, je veux garder cela dans mes archives de famille, puisque ma bisaïeule au troisième degré était la sœur de M. le Prince. — Oui, mais, baron, sur le prince Louis de Baden je ne vois rien. Du reste, à cette époque-là, je crois qu’en général l’art militaire… — Quelle bêtise ! Vendôme, Villars, le prince Eugène, le prince de Conti, et si je vous parlais de tous nos héros du Tonkin, du Maroc, et je parle des vraiment sublimes, et pieux, et « nouvelle génération », je vous étonnerais bien. Ah ! j’en aurais à apprendre aux gens qui font des enquêtes sur la nouvelle génération, qui a rejeté les vaines complications de ses aînés ! dit M. Bourget. J’ai un petit ami là-bas, dont on parle beaucoup, qui a fait des choses admirables… mais enfin je ne veux pas être méchant, revenons au xviie siècle ; vous savez que Saint-Simon dit du maréchal d’Huxelles, entre tant d’autres : « Voluptueux en débauches grecques, dont il ne prenait pas la peine de se cacher, et accrochait de jeunes officiers qu’il adomestiquait,