Page:Proust - Pastiches et Mélanges, 1921.djvu/217

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tant, dans le sens d’une sensibilité plus profonde, d’une mentalité moins mondaine, certains éléments du regard ou des traits qui pouvaient en effet comporter une acception plus intéressante et plus généreuse que celle où je m’étais d’abord arrêté. Enfin, lui ayant dernièrement demandé des renseignements sur un employé des Chemins de fer de l’Est (M. van Blarenberghe était président du conseil d’administration) à qui un de mes amis s’intéressait, je reçus de lui la réponse suivante qui, écrite le 12 janvier dernier, ne me parvint, par suite de changements d’adresse qu’il avait ignorés, que le 17 janvier, il n’y a pas quinze jours, moins de huit jours avant le drame :

48, rue de la Bienfaisance,
12 janvier 1907.
« Cher Monsieur,

« Je me suis informé à la Compagnie de l’Est de la présence possible dans le personnel de X… et de son adresse éventuelle. On n’a rien découvert. Si vous êtes bien sûr du nom, celui qui le porte a disparu de la Compagnie sans laisser de traces ; il ne devait y être attaché que d’une manière bien provisoire et accessoire.

« Je suis vraiment bien affligé des nouvelles que vous me donnez de l’état de votre santé depuis la mort si prématurée et cruelle de vos parents. Si ce peut être une consolation pour vous, je vous dirai que, moi aussi, j’ai bien du mal, physiquement et moralement, à me remettre de l’ébranlement que m’a causé la mort de mon père. Il faut espérer toujours… Je ne sais ce que me réserve l’année 1907, mais souhaitons qu’elle nous apporte à l’un et à l’autre,