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ix
PRÉFACE.

observations des Chaldéens, aussi bien que des périodes qui en étoient les résultats, et qu’il a pu calculer les éclipses par des méthodes directes, plutôt que par des périodes qui demandent, selon Cassini[1], un laps de temps très long pour être vérifiées. Il est vrai que les plus anciennes de ces observations sont antérieures à Thalès. Mais celles que nous lisons dans Ptolémée qu’Hipparque à choisies comme les meilleures, ne remontent pas à plus de 720 ans avant J.-C. Ainsi elles n’ont guère précédé que de cent ans le temps où Thalès a vécu : intervalle trop peu suffisant pour qu’il pût les comparer avec ses propres observations, et en déduire quelque méthode de calcul.

« Hipparque, Timocharis et Ptolémée, dit Fréret, qui avoient examiné avec grand soin les observations envoyées par Callisthène à Aristote, ne font mention ni d’éclipses, ni de nouvelles ni de pleines lunes qui remontassent plus haut que le règne de Nabonassar. D’où vient cela ? C’est que ces astronomes n’avoient rien trouvé ni dans les archives de Babylone, ni dans Bérose, qui fut antérieur au règne de ce prince. Preuve assez sensible que cet auteur n’avoit pas poussé plus loin ses supputations dans l’endroit que nous en a conservé Pline. On doit donc conclure que les prétendues observations astronomiques, de 480 000 ans, conservées sur des briques à Babylone, sont une fable. Callisthène n’en ayant envoyé à Aristote que de 1900 ans avant Alexandre. C’est 480 ans qu’il faut lire selon Bérose ; ou tout au plus 720, au lieu de 720 000 suivant Épigène, dans Pline ». Et ailleurs, il ajoute : « Il n’y a rien à changer dans le nombre de 480 ans qui est l’espace dans lequel Pline renferme ces mêmes observations. Si l’on s’en rapporte à Bérose et à Alexandre Polyhistor, Nabonassar avoit aboli toutes celles qui avoient été faites avant qu’il montât sur le trône et par conséquent celles dont cet auteur avoit parlé, ne pouvoient être plus anciennes que l’époque de ce prince : ce qui est tout-à-fait conforme au texte de Pline, et on tombera aisément d’accord, si l’on considère que depuis la première année de Nabonassar, jusqu’à Antiochus Soter, sous le règne duquel Bérose publia son histoire, il y a juste 480 ans [2] ».

Si Callisthène en avoit connu de plus anciennes que celles qui, au rapport de Simplicius, avoient été envoyées à Alexandre, et qui ne font qu’une suite d’environ vingt siècles avant l’arrivée de ce prince à Babylone, il n’eût pas manqué, suivant la juste remarque de Bailly[3], de les envoyer également en Grèce. L’intention de Pline, en citant les nombres de 720 000 et de 480 000 ans rapportés par Épigène, Bérose et Critodème, n’est pas de prouver l’ancienneté des observations astronomiques faites à Babylone et écrites sur des colonnes de briques, mais l’antiquité des lettres qui avoient servi à cette écriture « Ex quo apparet æternus litterarum usus », ainsi qu’il s’exprime [4]. Par conséquent la plus ancienne de ces observations ne passant pas 720 ans avant J.-C., « voilà une époque précise, dit Bailly, et des monumens à l’abri de toute contestation qui prouvent que Thalès n’a pu établir aucune comparaison entre la première de ces observations et les siennes, et encore moins se servir de celles qui ont été faites postérieurement à lui ».

  1. Disc. sur l’orig. et les progr. de l’astron.
  2. Tom. III de l’Académie des Inscriptions.
  3. Hist. de l’Astr.
  4. Plin. Hist. Nat. L. VII.