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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/14

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RÉCITS DU LABRADOR

rées et bordées de lard frais, elles laissaient entendre le grésillement si doux de la cuisson finale, et le thé répandait son arôme invitant. J’hésitai quelques minutes à réveiller mon curé. Je m’y décidai néanmoins, car il devait avoir plus grand besoin de manger encore que de dormir.

Malgré sa fatigue, il s’éveilla au premier appel, et tout joyeux se mit à dévorer. Le repas fini, il alluma sa pipe, je roulai une cigarette et de nouveau lui demandai le but de sa visite. Il ne répondit pas et fit glisser la conversation du côté de la chasse, dont il était, comme moi, amateur fort enthousiaste.

— Quel dommage que je ne puisse rester avec vous ! Mais il faut que je retourne à M… La femme de C… est malade d’une manière inquiétante ; peut-être va-t-elle faire le grand portage, et il faut que j’y sois.

Le lendemain, après déjeuner, il se remit en route. Le vent était tombé, mais les chemins étaient encore mous et nos raquettes enfonçaient, à chaque enjambée, de six à huit pouces dans la neige. Après lui avoir fait la conduite jusqu’à l’extrémité de mon chemin de chasse, je le quittai et je revins vers ma tente, où je rentrai à la nuit tombante, après avoir dégagé mes pièges et relevé mes attrapes, que la tem-