Page:Quevedo - Don Pablo de Segovie.djvu/103

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Item. Pour empêcher les grands larcins, nous interdisons aux couplets d’Aragon d’entrer en Castille, comme aussi d’en introduire d’Italie en Espagne, sous peine, pour le poète, d’être bien vêtu et, en cas de récidive, d’être propre et sage pendant une heure.


Cela plut fort au sacristain, parce qu’il avait une soutane à poils blancs à force d’être vieille et chargée de tant de crottes qu’il aurait suffi de les frotter sur soi pour s’enterrer : avec son manteau on aurait pu fumer deux arpents. Ainsi riant à demi, je lui dis qu’il était aussi ordonné de mettre au rang des désespérés qui se pendent et se précipitent les femmes qui s’amouracheraient d’hommes uniquement poètes, et de leur refuser en conséquence la sépulture en terre sainte :


Vu aussi la grande récolte qu’il y a eu ces fertiles années en rondeaux, en chansons et en sonnets, nous ordonnons que les liasses qui, faute de mérite, échapperont aux boutiques d’épicier, passent, et sans appel, aux garde-robes et privés.


Pour abréger je vins au dernier chapitre, qui portait :


Mais considérant avec des yeux de compassion qu’il y a dans la république trois sortes de gens misérables, savoir les bateleurs, les aveugles et les sacristains, qui ne peuvent vivre sans de pareils poètes : nous permettons