Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/83

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Un téméraire encens que Dieu ne peut souffrir,
N’a, pour servir sa cause et venger ses injures,
Ni le cœur assez droit, ni les mains assez pures.

Dans les vers à rimes mêlées, il y a un art particulier de prolonger la période d’une manière harmonieuse. On le reconnaît notamment dans Gresset.

Dans les vers entrelacés, dit Marmontel, la rime et la pensée doivent se clore ensemble, si l’on veut que la période poétique soit nombreuse et arrondie. Qui croirait, par exemple, que ces vers fussent d’une pièce rimée :

    Il faut encor que mon exemple,
    Mieux qu’une stoïque leçon,
T’apprenne à supporter le faix de la vieillesse,
    A braver l’injure des ans. Chaulieu.




CHAPITRE XIII.
De l’Harmonie imitative.

Quand la parole exprime un objet qui, comme elle, affecte l’oreille, elle peut imiter les sons par les sons, la vitesse par la vitesse et la lenteur par la lenteur, avec des nombres analogues. Des articulations molles, faciles et liantes, ou rudes, fermes et heurtées, des voyelles sonores, des voyelles muettes, des sons graves, des sons aigus, et un mélange de ces sons, plus lents ou plus rapides, forment des mots qui, en exprimant leur objet à l’oreille, en imitent le bruit ou le mouvement, ou l’un et l’autre à la fois, comme en français les mots hurlement, gazouiller, mugir, aboyer, miauler. C’est avec ces termes imitatifs que