Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/91

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suait, soufflait, sans être presque essoufflé on n’imite pas mieux avec les sons. »

30 Les poètes rendent encore la nature en plaçant à là césure ou à la,rime un mot qu’ils veulent faire ressortir ; ou bien ils le mettent en saillie a l’aide d.’une. inversion

Ses murs, dont le sommet se dérobe la vue,

Sur la cime d’un roc s’allongent dans la nue. Bo !L. Le monosyllabe-roc, ainsi placé à l’hémistiche, forcé les yeux et l’attention du lecteur de s’arrêter sur l’emplacement qu’occupe cette tour.

Sur son épaule il charge une lourde cognée. BOIL. Substituez au premier hémistiche

Il met sur Mn épaule une lourde cognée.

vous n’avez plus d’image, ni par conséquent de poésie. Un riche abbé.

Oppressé fut d’une indigestion. VOLT.

Si,le poëte eût mis fût o~fMM, remarque la Harpe, l’effet du vers était perdu.

4° Le rapprochement des deux accents d’un hémistiche appelle l’attention sur un monosyllabe’ : J’aime mieux lesvoirmorts quecouverts d’infamie. CORN. Faites que Joas meure avant qu’il vous oublie. RAc. Le sang de vos rois crie, et n’est point écouté. ID. En mettant plus de deux accents dans un hémistiche, on peut faire ressortir chacun des mots qui le composent, et rendre l’action ou l’idée plus frappante en la subdivisant dans ses détails