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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

nace, à des garçons de café, à des domestiques quelconques, fait qui en Angleterre serait immédiatement accueilli par une attitude violemment défensive, ou par la menace d’un procès pour rixe et coups, n’est pas une habitude entièrement disparue en Irlande. Trente ans auparavant, elle était encore plus répandue ; elle caractérisait l’esprit et le caractère dans la manière de traiter les domestiques et les petits serviteurs, et ce fut sans doute cela qui inspira l’idée des flagellations judiciaires. Mais, pour en revenir au fait par lequel je me proposais de terminer mes souvenirs de cette grande agitation, et que je regarde comme la justification la plus complète des blâmes les plus sévères portés contre le gouvernement, ce fait se résume de la manière la plus énergique, la plus significative, dans le langage assez remarquable, mais assez fréquemment tenu par des gentlemen catholiques romains, lorsque mettant toute leur prudence à s’excuser, sous la menace d’une enquête sur leur conduite pendant ces temps de trouble, ils disaient : « Je rends grâce à mon Dieu de ce que personne ne peut m’accuser justement d’avoir sauvé la vie à aucun protestant, ou d’avoir préservé sa maison du pillage, par mon intercession auprès des chefs rebelles. » Qu’est-ce que cela signifiait ? Certains catholiques romains avaient fait valoir, et à bon droit comme un motif d’une indulgence spéciale envers eux, le fait d’avoir employé toute l’influence qu’ils possédaient grâce à leur religion, ou grâce à des amitiés personnelles, auprès des chefs rebelles, en faveur de Protestants persécutés, soit en leur rendant une liberté complète, soit en adoucissant leur sentence. Mais, à la surprise générale, tant s’en fallait que l’on ac-