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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

des voyages en Angleterre, le point où convergent en si grand nombre les routes principales, et où j’avais, comme des myriades d’autres, passé bien des centaines de fois, sans que j’y fusse jamais allé comme à un terminus ad quem[1].

Sa route à lui, passait par Oxford ; il ne s’arrêta donc que le temps nécessaire pour le harnachement de chevaux frais, opération qui, néanmoins, en ce temps-là, ne prenait guère moins d’une demi-heure, et il se dirigea aussitôt vers Stratford.

Pour moi, ma destination était encore douteuse. À Dublin, j’avais reçu l’avis de me renseigner au bureau de poste de Birmingham, où je devais trouver une lettre qui dirigerait mes mouvements. J’y envoyai donc, et on y trouva, à mon adresse, la lettre de ma mère, qui m’apprit que ma sœur était en visite, dans le Comté de Northampton, à L—x—n, résidence de Lord C—rb—ry, où j’étais également invité.

Pendant le séjour que j’y ferais, on prendrait à mon égard une résolution définitive, et on m’avertirait de ce que l’on comptait faire de moi pendant les deux ou trois ans qui devaient s’écouler avant qu’on me trouvât assez âgé, selon les idées anglaises, pour entrer à Oxford ou à Cambridge. Ce fut la partie de la lettre, que je lus avec l’intérêt le plus profond.

Il est vrai que je n’étais encore qu’un jeune garçon. En effet, j’avais atteint mon quinzième anniversaire environ trois mois auparavant, en Irlande ; mais par l’instruction, par la connaissance du monde, et par l’orgueil du cœur, j’étais devenu trop grand pour une école. Pour toutes ces causes,

  1. Comme à un but définitif.