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DU MANGEUR D’OPIUM

d’entre eux qui ont deux et trois ans de résidence que de ceux qui en ont un. Considérez ce fait au point de vue de la discipline : des jeunes gens qui ont en général plus de vingt ans, c’est-à-dire des jeunes gens qui ont l’âge requis pour siéger dans le conseil de la nation, ne peuvent être décemment qualifiés de jeunes garçons, ni être traités comme tels, et bien des choses deviennent impossibles à leur égard qu’il serait aisé d’exiger d’une réunion de vrais enfants. Il est donc de la justice la plus élémentaire que, quand le lecteur réfléchit sur l’ensemble de la discipline d’Oxford, il ait sans cesse présent à l’esprit le souvenir de cette importante différence entre les âges, telle que je viens de l’indiquer, entre les Oxoniens et les étudiants que le parti adverse fait entrer dans son argumentation. Mais pour montrer qu’en dépit des obstacles de toute sorte que présente cette différence d’âge, les autorités d’Oxford n’en font pas moins tout leur possible pour faire respecter la discipline, qu’elles s’y emploient avec courage et sans avoir égard à la supériorité ou à l’infériorité de condition, je choisirai dans une foule d’exemples analogues deux anecdotes, qui tout insignifiantes qu’elles soient en elles-mêmes, ne le sont pas pour celui qui reconnaît en elles l’expression d’un système d’action uniforme.

Un grand Lord whig (le comte C…) se trouvait, il y a une dizaine d’années à Trinity College (celui des collèges de Cambridge qui donne le ton) où il était venu présenter son fils, Lord F — ch, qui aspirait à faire partie de cette magnifique société. Ses sentiments aristocratiques furent peut-être humiliés quand il entendit le chef du collège dire à son fils, et cela dans les termes les plus cour-