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NAPOLÉON.


Par ce sentier du mont Liban
Où court si vite ce sultan ?
Pour tente il a les Pyramides,
Pour divan les sables arides.
Dans son étable de granit
Là-bas sa cavale hennit.
— Ah ! bohémienne, et vous, ma mère,
Montrez-moi sa pâle crinière.

— Là, dans le creux de cette main,
Trouvant un trône en son chemin,
Un géant, en branlant la tête,
Les bras croisés, passe et s’arrête.
Les peuples ont revu César ;
Les rois s’attellent à son char.
Vents qui soufflez dans la bruyère,
Au loin dissipez sa poussière !

Malheur ! Voici la main de Dieu !
Entendez-vous crier au feu ?
Sous le pôle une ville sainte
Hurle et bondit dans son enceinte.
Là, vos projets, en un matin,
Se sont fondus comme l’étain
Que sur son foyer la sorcière
Mêle, en chantant, dans sa chaudière.

Malheur ! Malheur ! écoutez-moi !
Quittez votre manteau de roi.
Où vont ces chevaux de l’Ukraine ?
Ils passent le mont et la plaine.
Effarés, ils suivent vos pas.
Sire, ne les voyez-vous pas ?