Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/302

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Ah ! Maréchal Grouchy ! Que tardez-vous encore ?
N’avez-vous pas senti trembler, avant l’aurore,
La terre sous vos pieds ? Oh ! N’entendez-vous pas
Les canons aboyer sur le seuil des combats ?
Aux armes ! Croyez-moi ! Non, ce n’est pas un rêve.
Accourez ! Accourez par le chemin du glaive !
La bataille a grandi, comme un feu sur un mont.
Voyez ! Que l’ombre au loin, dans le bois d’Hougoumont
Est pesante à midi ! Sur sa branche livide
Que la fleur est fanée, et le feuillage aride !

Celui qui, par hasard, s’endort dans son sentier,
Jamais ne reverra son toit, ni son foyer.
Où vont ces chevaux gris qui sortent de l’étable ?
Leurs selles sont d’acier ; leurs pieds creusent le sable.
Leurs cavaliers ont dit : écosse pour toujours !
Mais l’écho leur répond par le cri des vautours :
Va ! Montagnard de Perth, ta vallée est amère.
Là-bas, le lion rouge a franchi ta barrière.
—C’est l’heure ! Ils sont à nous ! En avant ! En avant !
Tambours, battez la charge ! Et l’arme blanche au vent !
Vous, Ney, marchez en tête, et sapez la muraille.
Tous ces hommes d’airain croulent sous la mitraille :
Bien ! France ! Encore un coup ! Comme un hardi bélier
Heurte là d’Albion le bouc au front d’acier.
Plus près ! Plus près encor ! Visage sur visage !
Le canon à l’épée a frayé le passage.
L’épée en son chemin peut entrer jusqu’au bout.
En son vase de fer le combat fume et bout.