Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/170

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d’Odin pour redire nos paroles à son oreille ; le cerf court à travers la forêt et se nourrit des branches du frêne qui ombrage les dieux. Et nous, nous marchons, après lui, sur les feuilles sèches des forêts. Nous descendons vers le midi, comme la neige fondue qui descend dans les vallées. »



Chœur des Hérules.

« Tenons-nous par la main pour une danse guerrière.

Les femmes du Danube se dressent à demi dans le fleuve sur leurs corps de cygnes, pour nous regarder passer. Mais le vent du nord est notre roi ; c’est lui qui nous envoie abattre sur la terre les feuilles des orangers et les fleurs de la vigne. Oh ! Marchons à grands pas avant que les figues soient mûres, que les citrons tombent d’eux-mêmes au pied de l’arbre, et que les raisins soient séchés sur la vigne. Encore un jour, et nous ne trouverons que l’écorce des oranges balayées à l’entour du bois. »



Chœur des Huns.

« A cheval ! à cheval ! Demain vous achèverez de tondre la crinière des étalons sauvages. à cheval dans la plaine et sur la montagne ! Les fées se suspendent aux crins échevelés ; gnomes et gnomides mordent, en courant, les croupes et la queue des chevaux. Crinières sur crinières, naseaux contre naseaux, au loin, au large, à l’alentour, que notre bande passe, comme un nuage d’hiver, sur une steppe de Mongolie ; rapide au soleil couchant, et puis rapide quand le matin vient à luire, et puis rapide encore sous le soleil brûlant du jour, et puis, après le jour, dans les ténèbres de la nuit.

Malheur à qui tourne la tête pour regarder en arrière ! Un djinn ailé qui le suit le renverse et le jette aux vautours. Voyez ! L’herbe est encore penchée sous des pas d’archers qui nous ont devancés ; leur flèche touchera le but avant la nôtre. Nous arriverons